vendredi 19 mai 2017

Salvador de Bahia - 30 au 31 Avril

 SALVADOR DA BAHIA 



Salvador de Bahia, la Rome noire aux 365 églises…une par jour…la ville, capitale de l’état de Bahia, plus gros que la France compte à peu près 4 millions d’habitants.

La grande métropole est construite à la fois sur les plages et à la fois dans les hauteurs, c’était un important point militaire pour défendre le pays. 

Les habitants de Salvador et de Bahia sont généralement des descendants des esclaves africains, mais ont aussi des origines européennes et indigènes. 

Plages, villas, grands immeubles, maisons coloniales et colorées, favelas…une grande ville pleine d’histoire, de culture et de contrastes.


Arrivée vers 6h15 au Terminal de Salvador de Bahia, nous suivons les indications de notre couchsurfeur Luciel qui nous accueillera pour ce week-end dans cette mythique ville.



Nous prenons le bus, descendons au Jardim Cruseiro, cherchons la rue Duarte da costa, le 16, près de la place de la paix, nous sommes au 216…ho…ce serait-il trompé ?...on cherche, on demande, le 16 est loiiiiiinnnn. Finalement on trouve un numéro 16 sur la place…pas de sonnette. Luciel dort, on est censé : le réveiller, lui nous ouvre et retourne se coucher. Et c’est finalement exactement ça qui se passe.

On crie son nom, on l’appelle, il est 7h du matin. Et Luciel, tête dans le cul, fait apparition dans le cadre de sa fenêtre, nous envoie un trousseau de clef en l’accrochant à une cordelette. On ouvre le cadenas de la grille, en faisant attention de ne pas marcher sur les bébés chats dans l’entrée, on monte au deuxième étage, on dit bonjour, il nous montre la chambre, les toilettes, dit qu’on peut prendre ce qu’on veut si on remet à sa place après et qu’on nettoie, et qu’on se repalera plus tard et file retourner se coucher. Bon…merci haha

Marine se recouche, Alexis squatte le canapé. On déjeune finalement quand Luciel se lève.

Luciel est un grand gaillard, il ne semble pas trop trop rigoler, nous a clairement expliqué les règles de la maison par messages hier. Un peu maniaque, bien religieux, il est prof de langues dans une école et habite dans un quartier pas des plus chics de Salvador (si tant est qu’il y en ait). Finalement quand on creuse un peu, il connait beaucoup l’histoire de sa région et nous donne pleins de conseils pour visiter la ville dans le peu de temps que nous avons. Il parle parfaitement anglais, ayant vécu 3 ans en Irlande, et bien espagnol aussi. Il voyage souvent. Et chose amusante, pour un noir brésilien vivant à Salvador…il ne supporte pas la chaleur…

Lui ne sera pas dispo aujourd’hui mais nous indique un itinéraire. Lorsqu’il part, on prend le temps de laver quelques fringues, cuisiner un peu, avoir des nouvelles des familles et les soutenir comme on peut quand les nouvelles ne sont pas bonnes.

Puis on part prendre le bus direction le Mercado Modelo. Un immense marché couvert sur deux étages avec pleins de choses, des fringues, de l’artisanat, des instruments de musiques etc au début et jusqu’à l’abolition de l’esclavage en 1888, ce marché servait de centre de « tri » des esclaves quand ils arrivaient à Salvador. Ils attendaient les enchères de leur vente, parqués dans les sous-sols humides et dégueu. Rénové après l’incendie de 1986, il accueille maintenant les touristes.








Nous sommes censés retrouver Hele à l’office du tourisme à côté mais il n’y en a pas…après 40 minutes d’attente, de recherches, on décide de continuer sans elle, en se disant qu’on tombera peut-être sur elle un moment.

Nous montons par un ascenseur, l’Elevador Lacerda, inauguré en 1873, dans le quartier du centre historique et de Pelourinho et on se promène dans la ville haute, à 70m au dessus du niveau de la mer. Des vieilles bâtisses colorées, bien jolies, des fontaines, des églises, des ruelles animées. Cette partie de Salvador, touristique, est bien sympa.








Nous tombons sur un guide qui nous explique gracieusement 2-3 trucs, comme l’histoire de la fontaine devant la faculté de Médecine, et nous file même une carte du quartier…super sympa !! Si vous allez à Salvador, faites donc un tour avec lui !! Un grand black rasta tous les jours à partir de 8h30 devant l’office du tourisme à côté de l’ascenseur.

Puis en se baladant, nous tombons sur des « baianas », pleines de couleurs sur leurs jupes et leurs foulards. Mais on se doute qu’elles sont là quand même pour faire joli, pour les visiteurs. Dans le reste de l’état de Bahia, il doit sûrement y avoir encore ces femmes dans cette tenue traditionnelle…décidemment nous attendrons un prochain voyage pour réellement goûter à la culture bahianaise.










En revanche, on trouve, dans les petites ruelles, l’école OLODUM…incroyable… ça y’est…on y est vraiment…dans la ville d’OLODUM, le fabuleux groupe de batucada, mythique, connu pour ses innombrables projets sociaux dont celui avec Mickael Jackson sur la chanson " Don't care about us "

Pour un TAmbAs, c’est un honneur de se retrouver dans le berceau de la plus célèbre batucada du monde, avec son type de rythme bien particulier. OLODUM étaient présents à Coburg quand on y est allés avec les TAmbAs. OLODUM et les Terra Brasilis ont déjà fait des projets ensemble…bon le gars à l’accueil connait ni les Terra Brasilis ni les TAmbAs…un peu la honte mais bon…on lui en veut pas…

En tout cas, Alex avait un peu d’émotion en se retrouvant là et ses pensées vont vers les TAmbAs, les amis de SAmbAniÕ…toute cette aventure là…




Après avoir fait un don…en échange de quelques souvenirs…humhum…, on est sortis de la boutique par un son familier…des percussions.

Une batucada fait l’animation, on les rejoint, on les écoute, un gars peint des fleurs blanches sur les bras des filles ou autres dessins tribaux, il attrape Marine avec un grand sourire et lui peint le bras… et après, et le mestre et le peintre viennent nous foutre la pression, en mode presque pas gentils, pour qu’on leur donne de l’argent l’un parce qu’on a écouté la musique l’autre parce qu’on a pas refusé de se faire peindre le bras…on trouve ça moyen comme façon de faire, on part un peu déçus après leur avoir signifié qu’on approuvait pas cette prise en otage et qu’il n’auraient par conséquent pas un real…








On continue plus bas et on retrouve une autre batucada qui donne également un concert. Et hooo Hele !! Génial on l’a retrouvé !! Trop cool aussi Guillermo et l’allemand sont aussi dans la rue !!









On se retrouve à 3, les deux gars prenant un autre chemin, et on continue de se balader dans Pelourinho. Puis on va prendre un bus pour aller à Barra, un autre quartier recommandé par Luciel.


Barra est à la pointe sud de la ville, avec deux énormes plages, séparées par un fort blanc et un phare

Les filles prennent une eau de coco dans une rue un peu plus dans les terres (2 fois plus chères que le long de la plage, amis voyageurs faites vous pas avoir) mais qui ne nous ruinent pas non plus 4 real (2 donc sur la plage sachant qu’à Rio, il y en avait à 10 reals le long de la plage). Les gars ont une machine pour ouvrir, mais c’est un peu foireux leur trucs… ça change du mec de Rio avec sa machette haha













Bref on se balade tous les 3 le long des plages blindées et voit un magnifique coucher de soleil.

Pis comme on est un peu kaput, on rentre. Hele réussit à choper un bus assez vite dans ce bordel. Nous c’est un peu plus compliqué, on demande à plein de gens, des usagers, des chauffeurs, ils nous disent pas tous la même chose, on change d’arrêt, on attend, et finalement, 1h plus tard, un bus qui va là où on veut arrive…cool

Il est 19h15 quand nous rentrons et Luciel n’est toujours pas là.

Quand il rentre, on discute beaucoup, des langues, des religions, de politiques, et quand il nous dit que lui en France, il soutiendrait plutôt le Pen, ça jette comme un froid. Mais bon

Il nous emmène finalement dans un petit resto, ou plutôt chez une famille qui sert des assiettes dans une espèce de bouiboui au beau milieu d’une favelas. Une espèce de purée au fromage à base de Mandioca, avec viande sechée, tomates et petit oignons, accompagnée d’un jus de fruit d’Araceitiba. Excellentissime !! Divin !!




Encore bien nazes, on rentrera finalement et chacun ira se coucher à son rythme. Marine dans la chambre, Alexis sur le canapé du salon.

Ce dimanche matin est bien difficile. 

Nous apprenons que la grand-mère d’Alexis a quitté le monde ce matin. 

Quand on est en voyage, il nous arrive de rater des choses, autant des choses bonnes comme les anniversaires, 30 ans d’Etienne, les mariages, Jeannie et Audrey, que les choses douloureuses, décès, maladie, crise institutionnelle…des choses qui arrivent à ceux que vous aimez quand vous n’êtes pas là pour apporter votre soutien, fêter avec eux, souffrir avec eux. C’est le prix à payer pour les quelques mois de découvertes et de rencontres. Les voyageurs au long court vous le diront, voyager, ce n’est pas QUE une partie de plaisir…et ce matin, Alex comme Marine, on se sent bien loin de la famille.

Nous déjeunons, Luciel se lève. On a besoin de prendre un peu de temps. Mais on quitte finalement l’appart vers 12h30 pour aller se balader dans le quartier voisin. La plage de Boa Viagem, celle do Forte avec un autre fort blanc et son phare. On se baigne sur cette dernière. L’eau est chaude, trop basse pour que Luciel veuille se baigner…nous on profite, amers, on détend les muscles, on laisse partir les pensées.








Praia do Forte






Nous continuons après par l’église senhor do Bonfim, datant du 18e siècle, pleine de couleurs et de petits rubans. 

Marine veut allumer une  bougie pour la mamie d’Alex et toutes les personnes étant parties là haut mais il n’y en a que des électroniques, et Marine trouve que ça perd de son charme… alors elle va accrocher plusieurs petits rubans de couleurs, devant l’église là où il y en a déjà beaucoup. 

Luciel nous raconte un peu son histoire rapidement et nous montre la sala dos milagres (salle des miracles). 

Une petite pièce avec pleins de photos et des messages de remerciements accrochés aux murs ainsi que des reproductions en cire de bras, de jambes, de pieds, d’intestin…guéris ou à guérir, destinés au Senhor de bonfim, Jésus donc.

La Igeja do senhor do Bonfim

Puis nous goûtons un acarajé, typique boule de mandioca frite avec tomate et viande…vraiment bon.

Les crevettes, c'est pas obligé...surtout celles là

On rentre, on se douche, on prépare nos affaires, il est 15h30, Luciel nous accompagne à l’arrêt de bus, il arrive, nous partons.

Merci Luciel pour cet accueil. Un jour, nous reviendrons pour profiter de ta région et de ta culture plus longtemps…

Arrivés au terminal de bus, on fait quelques courses, et on prépare nos affaires pour les 20 heures de bus qu’on s’apprête à passer.
Direction…le nord…toujours le nord…

Etat des troupes:

Marine :

Beaucoup de gens que l’on a croisé avant dans le voyage nous ont dit « Salvador, cela ne vaut pas vraiment le coup, ce n’est pas forcement la peine d’y aller »… et bah moi je suis pas du tout d’accord !!!

J’ai beaucoup aimé Salvador. Nous avons eu la chance d’ailleurs d’en voir plusieurs parties… à la fois le coté favelas avec Luciel, toutes ces petites maisons empilées formant des immeubles, en se demandant comment ça tient debout, mais aussi toutes ces petites couleurs et la gentillesse de la dame chez qui on a mangé. 

Et aussi le coté un peu plus historique et touristique avec toutes ces ruelles colorées, animées de Batucadas, tout ces petits magasins vendant des tableaux plus beaux les uns que les autres… 

Et voir l’émotion dans les yeux d’Alex lorsqu’on arrive à l’école d’Olodum, ça n’a pas de prix, c’est beau à voir, on dirait un enfant les yeux pleins d’émerveillement… et pour finir voir les plages du coté de Barra avec les petits forts, le phare, la mer… le tout s’imbriquant impeccablement bien, chaque chose à son espace tout en étant relié et indispensable à l’autre… j’aurai peut être aimé en savoir un peu plus sur la culture de Bahia et ces dames avec ces grandes jupes et leur bandeaux sur la tête…

Moment difficile du voyage lorsqu’on apprend de bon matin que la mamie d’Alex est partie… même si on avait appris la veille que ça n’allait pas bien du tout, et Bah on n’est jamais prêt… même si je ne la connaissais pas énormément, je l’avais vu quelque fois, j’avais pu partager un peu avec elle et c’est la famille d’Alex, famille dans laquelle je me sens bien… du coup c’est dur, dur d’accueillir cette perte, dur de les savoir pas bien à Lyon et d’être loin
Je pense à Alex mais aussi à son papy, à sa famille,  j’ai déjà vécu la perte d’un grand parent et même si on est tous différent dans ces moments là et qu’on ne vit pas la perte de la même façon, je sais que ça fait mal… et je suis triste aussi, je pleure, les émotions sortent toutes seules. 
Elles se voient peut être plus qu’Alex parfois même si je sais que ses émotions à lui sont là, mais un peu plus cachées… je veux le soutenir du mieux que je peux pour passer cette épreuve même si je sais pas toujours comment, mais je suis là… et la vie continue, et le voyage continue, on a encore tellement de choses à voir, et l’on voit le temps avancer à une vitesse… bientôt on sera en Amazonie… puis bientôt en Colombie…

Alexis : 

Finalement, la région où je voulais passer plus de temps, on n’aura fait que la survoler. 

Ce n’est pas grave, je ne suis pas déçu en soi car je reviendrais pour un plus long moment. 

L’aperçu que j’ai eu de Salvador m’a plût et m’a donné envie de creuser un peu plus l’état de Bahia quand je reviendrais. 

Avoir foulé les pas d’OLODUM m’a fait quelque chose. 

Par rapport à Luciel, c’était dur de lui décrocher un sourire, il a des idées bien arrêtées et plutôt sûr de lui, mais je crois qu’avec un peu plus de temps, on aurait trouvé une faille à sa carapace. 

Aujourd’hui, je suis triste, ma famille est en plein deuil et je ne suis pas à leur côté, c’est peut-être plus facile pour moi mais je ne dois pas vraiment réaliser. C’est con, mais j’apprécie la tristesse de Marine, parce qu’elle me fait comprendre à quel point elle fait partie de la famille maintenant et à quel point je ne veux pas que ça change. 

Entre le week-end de fête pour les 30 ans de titi et le décès de ma mamy, on en a raté des choses ce week-end…maintenant le voyage continue, sans me dire que je suis égoiste…je ne pense pas que ma famille ait besoin de ma culpabilité inutile en ce moment…la vie est ainsi faite. 
Et Mamy sera toujours présente dans les choses qui me feront penser à elle. 
Chaque fleur en chemin, chaque dread qu’elle ne me coupera pas, chaque feuille de papier toilette représentant des billets de 500€ qu’elle m’avait offert, ultime cadeau gag,  avant mon départ et que je garde soigneusement dans mon backpack depuis 6 mois. 
La gorge serrée, les yeux dans l’eau…show must go on

J’aimerais sincèrement remercier toutes les personnes qui m’ont (nous ont) adressé tous ces gentils messages quant au décès de ma grand-mère. Et même si je ne vous ai pas (encore) répondu personnellement, j’ai été très touché par vos messages de soutien et/ou votre présence auprès de ma famille. Alors Merci....


1 commentaire:

  1. vos pensees nous ont accompagnés pendant ces moments difficiles, ne culpabilisez pas de ne pas etre vraiment à nos cotes et continuez à nous emplir les yeux de vos fabuleux souvenirs , ce sera notre soutien à nous ovsm

    RépondreSupprimer