samedi 12 août 2017

Trek dans le Canyon de Cotahuasi - Du 1er au 6 Août

Le Canyon de Cotahuasi 
Le trek de trop ?

Peu connu mais tout aussi beau (si ce n’est plus…) que le canyon de colca, le canyon de Cotahuasi est LE PLUS PROFOND du monde. Oui Madame ! Oui Monsieur !! Plus profond que le canyon de Colca (de 3400m), LA star de la région de la côte sud d’Aréquipa, que tous les tours opérateurs s’arrachent et où ils proposent des excursion d’un jour en van ou de 2 jours à pied. Plus profond que le grand, le majestueu, le sublissime Grand Canyon dans le colorado aux États-Unis ! Oui Madame ! Oui Monsieur ! Le canyon de Cotahuasi d’une profondeur pouvant atteindre 3517m (contre1300m en moyenne pour le grand canyon du colorado). C'est à dire que du haut des montagnes plateaux jusqu'au rio cotahuasi qui s'écoule tout en bas...il y a 3km517m de vide...

Nous arrivons à Cotahuasi, 2683m d’altitude, le mardi 1er Août sur les coups de 5h30 (au lieu de 3h30…tant mieux on a pu plus dormir dans le bus, c’est pour les locaux que c’est un peu plus pénible parfois, d’où la « mauvaise » réputation de cette compagnie). Et nous attendons jusqu’à 8h pour prendre des infos sur le retour et partir à la recherche de notre contact sur place : Juanita. Contact donné encore une fois par nos amis les pinpins…

Nous allons dans une sorte d’office du tourisme et nous rencontrons Pepe, qui se trouve être un collaborateur de Juanita dans leur tâche commune de tourisme solidaire. L’association œuvre pour la promotion de la région sans vouloir tomber dans le tourisme de masse et accueille des volontaires pour différents projets. Nous parlons également des balades qu’il y a faire dans le coin. Puis, Pepe nous emmène là où Juanita nous attend.

Juanita, entre 40 et 60 ans (haha), nous accueille dans l’hospedaje de sa sœur Marie-Lou qui nous prendra 15 soles par personne (5€ pour dormir chez l’habitant). Charmante petite maison avec un petit potager, une chambre de 3 lits pour les hébergés, une salle commune et à l’arrière, la partie cuisine à laquelle on accède par un petit couloir entre briques et adobe.

Nous discutons pendant quelques dizaines de minutes, les randonnées, les pinpins, leur expérience etc etc. et nous convenons d’un programme.

Nous restons sur Cotahuasi ce soir et demain nous partons en trek pour 5 jours.


Après nous être installé et préparé un petit pique-nique, nous partons en ballade. Objectif d’aujourd’hui, la laguna Chaquicocha, un peu en dessous du village et le pont Chaymi qui traverse le canyon.

Sortie du terminal
Les rues de Cotahuasi ne sont pas très animées à 8h

On galère un peu à trouver la laguna parce que les indications ne sont pas génialissimes et que nous, c’est notre truc de se paumer.

Une petite lagune avec de la végétation et de la vie animale que nous voyons finalement un peu de dessus.

La laguna Chaquicocha



Puis on continue, on essaye de se sortir des champs dans lesquels on s’est fourré, on retrouve la route et on poursuit.

Le problème ici c’est que même si tu as de bonnes indications, il y a tellement de chemins (passages de vaches, sentiers qui mènent au champ du monsieur, sentiers qui donnent sur un muret) que tu peux facilement te tromper. Alors ce coup ci, pour le pont, on demande dés qu’on croise des gens…

Et on trouve sans problème !!

On voit le pont d’en haut et il a l’air bien vétuste…on voit surtout le rio Cotahuasi qui se promène au fond du canyon le plus profond du monde.



 Ici, faut avoir l’œil car les pierres prennent des formes diverses et variées. Ici par exemple nous voyons un cochon d’inde géant !!


Le pont est bringuebalant, on se demande s’il sert encore. Mais quand on voit deux petites filles entre 5 et 10ans descendre par là où on est descendu, traverser le pont sans faire de manière et remonter de l’autre côté la pente abrupte…on se dit que si…il sert encore…et ça se confirmera avec tous les gens que nous verrons descendre en courant et remonter tout aussi rapidement pour choper le bus de l’autre côté.








La route en face, c’est celle qui monte à Pampamarca. Mais une partie de la piste s’est effondrée et la voilà alors coupée. Le trajet en bus se fait toujours mais les passagers doivent changer de bus à la coupure. Ça pourrait fonctionner si les bus étaient coordonnés…

Les gens que l’on croise, bien que pressés, s’arrêtent pour échanger deux trois mots avec nous, en mode vraiment gentil.

Pis on remonte et on va acheter nos billets de bus pour dimanche. On n‘arrive pas à négocier…faible compétition. Mais on les prend quand même à 30 soles par personnes car il y a des gens qui sont en train de chercher un bus pour demain, après-demain ou le jour d’après et il y a 0 places dans aucune des entreprises…les péruviens étant venus ici pour passer le week-end prolongé de la fête nationale se retrouvent ainsi bloqués ou obligés de prendre un taxi…

Puis nous terminons la journée à notre hospedaje, tranquilles.

Jour 1:




Que le réveil est difficile à 3h30 du matin pour aller prendre le bus de 5h direction Huaynacotas. Oui, on aurait bien aimé rester au chaud sous la couette…quelle idée de se faire du mal comme ça…

Après un petit déj rapide, on file au terminal et on attend le bus local.

2h de trajet au milieu du canyon, en passant d’un côté et de l’autre, d’abord dans la nuit noir puis les images fabuleuses qui se dévoilent. Et nous voilà arrivés à Huaynacotas, 3327m au dessus du niveau de la mer.

On achète de l’eau, demande notre chemin et c’est parti.

L’objectif de ce matin : Apu Llamoja, un haut plateau situé à 4794m, où les incas avaient installé un lieu sacré avec cérémonie, offrandes etc.

La carte

Un grand chemin (route carrossable avec plein de poussiere) tout tracé dans la montagne prend 5h…oui ça grimpe. Mais nous, on préfère le petit sentier, plus court mais qu’il faut chercher. Mais d’en bas, on voit la fabuleuse tête coupée du cerro rouge, alors on vise.

On passe au travers divers champs d’exploitation, tous bordés par de magnifiques murets en pierres plates.

Une rue de Huaynacotas avec le bus qui nous y a emmené






On grimpe, on grimpe, on grimpe. On perd l’objectif de vue puis PAF, au sommet d’une colline, on s’aperçoit que ce n’est pas la bonne. Et m****. Effectivement, il faut descendre et passer un petit canyon pour être sur la bonne piste. Bon donc on descend…tant bien que mal… oui car beaucoup de cactus, et il faut slalomer entre eux et les buissons qui piquent…un peu dégoutté, on traverse le ruisseau et on remonte…houla…le dénivelé va compter double pour celui là…

On grimpe on grimpe et on grimpe…et finalement on retrouve notre objectif à quelques centaines de mètre, après un passage bien abrupte dans ses voiles de sable.






Enfin…nous voilà en haut…LLAMOJA…merveilleux plateau de pierre, d’une planitude incroyable avec des roches et des ruines incas en parfait état. Une vue incroyable sur tout le canyon, Huaynacotas plus bas, le grand patron Nevado Coropuna (6425m) loin devant, le sublime nevado Solimana (6093m) plus au sud. Derrière, les paysages rouges, jaunes, verts qui s’entremêlent. Et au milieu de tout ça…nous…nous, nous et que nous…seuls au monde…


Liqueur chocola/Canelle !!



Après un bon pique-nique, une super sieste, une visite du temple de culte inca et une petite séance d’escalade sur les rochers aux formes bizarres. 







L'autel








On descend du plateau et on trace dans le sable nos pas jusqu’à la forêt de roche de Huarmunta. Un lieu incroyable avec des roches prenant des formes des tête de vigognes, rongeurs, hommes, chapeau etc…trop beau !!

la tête coupée de la montagne Llamoja



















Immersion dans la fissure

Puis nous descendons à Rumihuasi. Où il y a l’embranchement pour notre chemin de demain. Nous descendons au village, demandons notre route. 3 enfants jouent dans la ferme, un monsieur nous salue et on échange deux trois mots. 






Les quelques maisons de Rumihuasi

On remonte un peu car notre chemin de demain était avant et nous trouvons une ruine, qui semble servir d’enclos à lama ou à vache mais, mis à part du foin et des bouses il n’y a rien.

Ce sera parfait pour notre bivouac de ce soir. Entre 4 murs, il y a moins de vent. Le foin nous fera un super matelat sous la tente et les bouses serviront à entretenir le feu…

Alexis descend un peu plus bas vers une autre ferme où paissent les lamas et c’est une vieille dame qui l’accueille. Comme elle ne parle par castillan, elle va chercher une jeune fille de 12-13ans pour faire la traduction. Ici, on parle le Quichua et beaucoup de personnes âgées, vivant un peu reculées tout leur vie n’ont jamais appris l’espagnol…

Nous avons l’autorisation de dormir dans l’enclos au milieu du foin et des cacas et nous pouvons prendre de l’eau qui coule dans le canal, que nous avions déjà suivi pendant quelques centaines de mètres, car l’eau est pure et propre.

Nous passons notre soirée autour du feu au milieu de nos pierres vieilles de quelques 600ans et de nos cacas…un peu plus récents…pour s’accompagner, un super repas, du chocolat, de la liqueur chocolat/canelle et la guitare…une soirée des plus parfaites !!!



On se fait chauffer les pieds !! Un bonheur

Bilan du jour : 644m de dénivelé positif en bus et 1467m à pied, Puis descente d’environ 800m. à peu près 20km de marche pour une journée de marche entre 7h et 17h.

Jour 2 :

Le lendemain, c’est quand deux enfants passent devant l’enclos en regardant « ces touristes » que nous nous levons.

Un petit déjeuner à côté du feu encore fumant. Pis on lève le camp. On éteint bien les braises et les bouses, on éparpille les cendres et on range le foin pour essayer de dissimuler au maximum notre passage.

Nous reprenons la piste et passons prendre de l’eau puis nous prenons le chemin qui semble passer dans l’autre vallon et descendre. Nous ne sommes pas très sûrs de la route à prendre et la carte que nous avons n’est pas très précise. On descend, on descend. Beaucoup. Trop peut-être ? On va où ? On va arriver où ? On voit personne…des maisons abandonnées, personne. On descend, ça dérape, ça glisse…nos chaussures, nos genoux…vont-ils tenir le coup…on enchaîne chute sur chute, et ces connards de taon qui viennent nous emmerder…gros moment de doute…







Finalement après une lonnnngue descente, on trouve quelques petites maisons au loin puis un village, un vrai… ça y’est, on sait où on est… un jeune avec son cheval que nous avions croisé en haut nous indique la route pour les baños termales. Il faut traverser le rio…effectivement ce n’est pas ce que nous indiquait la carte.

Le village de Seccincayla est un petit village tranquille le long du fleuve. Des gens travaillent dans les champs en terrasses et répondent avec le sourire à nos signes de main. On descend avec précaution le chemin dérapant et on arrive au petit pont de bois qui traverse le rio Pamparmarca. Où l’on décide finalement de casser la croûte après 2h30 de descente plutôt technique et éprouvante. Nous sommes à 3200m d’altitude. Nous sommes descendus de presque 1000m…


Pendant notre pause, plusieurs habitants passent le pont et nous saluent ou s’arrêtent pour bavarder un peu. D’autres passent avec leurs chevaux et leur troupeau de vache. Une pause bien appréciée par nos pieds et notre mental.









Puis nous reprenons la route et arrivons quelques minutes plus tard (non sans se perdre) aux baños termales. Un bassin d’eau chaude naturelle. La source d’eau chaude viendrait d’un « volcan loin là bas » comme dirait le monsieur qui ne sait pas vraiment lui-même mais qui profite de ce bassin presque tous les jours avec sa fille. Lui qui habite à Pampamarca à 1h30 de marche grimpante d’ici.
On se détend, on se prélasse c’est vraiment super agréable et il y a personne mis à part la petite famille et nous. L’eau n’est pas trop chaude, ni trop froide…elle est parfaite.



Après ce bon moment, nous remettons nos chaussures et nos chaussettes qui tiennent debout toutes seules et grimpons jusqu’à Pampamarca. Heureusement que le monsieur nous rattrape et nous montre la route d’ailleurs.





Le chemin monte une première colline, traverse des terrasses et passe au travers d’une falaise, peu de place pour les pieds, on se tient à la roche, à gauche le ravin. Une trentaine de mètre assez rigolote.



Enfin nous arrivons au sommet de  la montée et avons le village de Pampamarca en ligne de mire. Nos guides du jour eux continuent, nous on va d’abord faire un tour au mirador Uskune.

Un point de vue impressionnant sur le canyon Pampamarca, bras du Cotahuasi, le nevada Solimana, et le village. Et hooo ! Regardez donc plus bas ! La cascade Uskune !! Une superbe chute d’eau d’une vingtaine de mètres !



La cascade Uskune









Après un long moment à profiter de la chance que nous avons d’être là devant ce paysage de ouf, on rejoint le village de Pampamarca et trouvons, à la première habitante que nous croisons, un endroit où dormir ce soir.



Une maisonnette avec une cour intérieur où sèchent maïs, haricot, et cuy…enfin, eux ils attendent d’être cuits. La chambre simple mais relativement propre se situe à l’étage. Parfait




On apprend qu’il n’y a qu’un seul bus demain pour rentrer sur Cotahuasi et qu’il est à 7h. Nous ne pourrons donc pas monter pour aller voir la forêt de roche de Wito. Plutôt réputée et que nous pouvons voir un peu du bas, ça paraît fantastique !! Mais il y a 2h30 de montée…donc déjà avec un bus à 12h c’était chaud…mais là…c’est mort…quel dommage !!

Aujourd’hui à Pampamarca, c’est la fête !! La corrida !! Tout le village est rassemblé autour de l’arène sur le haut du village. Les taureaux sont regroupés dans une petite zone à l’extérieur. Une équipe est chargée d’en attraper un, de l’agacer un peu, même beaucoup, et de le parquer dans un mini couloir où ils l’empêchent de reculer avec des palos de bois, puis enlèvent le laceau et, au signal, ouvrent la porte pour que la bête, paniquée, se déchaîne pour le spectacle…Heureusement, ici ils ne les tuent pas…

Nous sommes les seuls étrangers de l’attroupement et on ne passe pas inaperçus. Mais les gens sourient quand ils nous voient et nous abordent avec bienveillance. Les gens…sont déjà bien saouls !! Il y a une super ambiance et un groupe de musique fait l’animation. Un toreador en habits de femme et un pansement à la pommette amuse la galerie en tentant de danser avec les taureaux qui, eux…n’ont qu’une envie c’est de se barrer d’ici…loin de cette bande de malade.

Nous, on prend place dans la ronde, on cherche désespérément une bière. Mais les gens nous servent des verres de Chicha, boisson à partir de maïs fermenté ou des petits shooter de caña, liqueur de canne à sucre. Nous trouvons finalement une bière et tout est offert (la dame a hésité d’abord croyant pouvoir se faire un peu d’argent sur le dos d’un voyageur qui ne connait pas le principe). Un gars propose à Alexis de venir essayer de lancer le lasseau pour attraper un taureau, mais Alexis ne comprend pas vraiment ce que l’autre attend de lui et ne sait pas que ce coup là, ils veulent un petit veau, et quand il comprend, l’opportunité est passée. Rahhh
Ils lui proposeront aussi de descendre dans l’arène mais il hésitera trop longtemps…














Finalement, on parle avec beaucoup de gens. Pas forcément très facile à comprendre parce que bon. L’espagnol…c’est pas toujours facile…l’espagnol quechuaisé…c’est pire…mais alors l’espagnol quechuaisé alcoolisé…c’est pire que tout…les gens rient, les gens pleurent, les gens dansent et Marine se fait embarquer à danser sur la musique de la fanfare accompagnée de petites vieilles dames toutes mignonnes comme elle les aime.






Quand la nuit tombe et que les gens sont fatigués d’agacer les vaches. D’ailleurs, le dernier taureau, mastodonte, aura été sacrément secoué, tiré la queue, coup de pied dans la tête etc…tout ça pour qu’aucun homme ne se mesure face à lui…tous un peu saouls et fatigués…pobrecito…

C’est finalement tout le monde qui descend dans l’arène et qui danse. Une sorte de ronde bretonne moins compliquée avec les pieds et les ptits doigts…

Tout le monde remonte, on laisse passer les vaches dans l’arène où elle passeront la nuit, et on passe par leurs coulisses pour descendre, en musique sur la place du village.

Et Zou c’est reparti de plus belle. On danse sur la place du village autour de la fontaine. Tout le village est en fête, on rit, on joue.

Les vieilles madames ont une patate d’enfer, les enfants gigotent dans les tissus des cholitas.



Puis, la musique nous emmène faire un tour dans le village. Tout en dansant, nous arpentons les ruelles du village, on descend, on remonte, on descend…un free walking tour qui swingue !!

Et on arrive dans la cour d’une maison où la fête terminera ce soir. Nous sommes entre 60 et 80 et nous entrons tous dans la cour en dansant.

Puis c’est la pause. Les musiciens vont manger, Casanova le torero avec qui nous avons sympatisé un peu va manger aussi, et les organisateurs passent auprès de chacun d’entre nous pour nous donner une assiette avec des maïs, un peu de verdure et un bout de viande.


On partira se coucher avant qu’ils reprennent la musique, un peu discrètement sinon jamais ils nous auront laissé partir…haha. Mais en tout cas, bien content de la chance qu’on ait eu de tomber sur un jour comme celui là.


Jour 3 :


Levé à 6h, petit déj rapide et nous partons prendre le bus de 7h. On a un peu peur que le chauffeur ait été de la fête d’hier car les gens ont fini dans des états…proches de l'Ohio. D’ailleurs, on en croise quelques uns avec qui nous avons un peu parlé hier…ils sont debouts, déjà et encore bien bourrés pour certains. Mais non le chaffeur est un professionnel et il paraît tout à fait sobre haha.

Tant mieux car la petite route de montagne, piste non asphaltée, où le bus passe à quelques centimètres du ravin, seulement protégée par un tas de pierre, est bien tortueuse et technique.

Dans le bus, nous retrouvons Casanova, les musiciens, les gens étant montés au village pour voir la famille et pour la fête. Des gens sont debouts, d’autre assis sur le moteur de l’autre bus en panne ou encore sur la roue de secours, les gars qui parlent fort, les enfants qui braillent, le perroquet en liberté sur l’épaule de sa maîtresse qui jacasse, les secousses du bus, la vieille dame qui se fait taquinée par la jeune fille trisomique…bref…tout pleins de choses qui dépeint un tableau de joyeux bordel si typique du pays et de ces contrées campagnardes lointaines. Ça c’est de l’immersion !!






Un p'tit caca avant de partir?

Il faudra 2h de route pour rejoindre Cotahuasi…ou presque…car la route est toujours fermée et il faut changer de bus au dessus du pont piéton Chaymi que nous avons vu le premier jour. Mais évidemment, le bus pour le transfert n’est pas là et on comprend qu’il faut attendre entre 1h ou 2…pfff alors l’option de rentrer à pied se présente comme une évidence pour certains alors nous aussi. Ça serait dommage de ne pas marcher du tout aujourd’hui…l’idée étant d’aller prendre un autre bus pour la suite du trek…

Sac au dos, on emprunte les traces faites dans le sable/graviers/pierres avant de rejoindre le sentier qui mène au pont. On avance despacito (doucement)

Quand tout à coup, une pierre décroche sous le pied d’Alexis…

Témoignages d’une presque chute en montagne:

La pierre, d’un diamètre de 20 à 30 cm, roule et m’embarque avec d’autres pierres. Moi, je ne vois que Marine, en dessous qui risque de se prendre la pierre. Sans réfléchir, je cours, pousse la pierre avec le pied en me jetant sur Marine et la plaquer sur le côté. Quand je regarde vers le haut, c’est une autre pierre, plus grosse, environ 40cm de diamètre, qui m’arrive sur le bras et la jambe et m’entraîne vers le bas. Les deux pieds et les 10 doigts plantés dans le sol, je glisse de quelques mètres (3 ou 4) en attendant que ça s’arrète…une fois stabilisé, je me retourne, me cale comme je peux et crie « cuidado !!! » au cas où il y’ait des gens en dessous. Je regarde Marine. Un peu choquée, la rain cover de son sac s’est enlevée mais elle n’a rien. Ouf… et moi mis à part le bras…tout va bien. Bon cassons nous d’ici. C’est sûr qu’en passant un peu de temps dans la montagne comme pendant ce voyage, y’a bien des fois où ça peut arriver qu’on se fasse peur. Une pierre qui décroche, ça peut arriver à tout le monde…peut-être que les 3-4 mecs avant moi sont passés sur cette pierre et j’étais le 5ème de trop. Ce n’est pas une histoire de connard de touriste qui fait n’importe quoi ou qui connaît pas le chemin et qui a un accident. C’est une putain de pierre qui a décidé de se barrer au moment où je passais…



Moi j’a pas vu de pierre. J’ai juste vu un Alexis courir dans une descente menant sur un énorme ravin qui donnait droit dans le canyon… il m’est arrivé dessus, m'a poussé, j’ai glissé et dérapé dans la descente avec sa vitesse et je lui ai attrappé la main pour essayer de le ralentir car avec la vitesse qu’il avait, je ne voyais pas comment il pouvait s’arrêter… puis entre les graviers, la vitesse, nos mains se sont lachées et là, j’ai eu peur… je le voyais déjà tomber dans le ravin, emporté par le poids de son sac… mais heureusement, il s’est arreté juste juste avant le vide, le ravin… j’ai vraiment eu peur pour lui.


La descente, la traversée du pont et le montée se font en silence, puis les mots viennent. Oui on a eu peur. Mais tout va bien.

Quand on arrive au terminal, le bus pour Charcana, notre prochaine étape de ce soir, est à 15h et il est 10h30…l’absence du bus de 12h nous a un peu mis dedans dans notre programme mais tant pis. On décide d’aller demander à Marie-Lou si on peut se reposer sur la terrasse pour quelques heures.

Et on fait bien car ces quelques heures seront vraiment bien reposantes.



Apéro au patééééééé!!!

Quand nous partons à 14h30 pour acheter nos billets de bus de 15h, on apprend que finalement aujourd’hui, vendredi, le bus part à 16h. Arf…décidemment… ça nous donne l’occasion de rejouer aux cartes, de discuter avec les gens présents, deux jeunes filles allant voir leur famille et un harpiste avec un instrument super joli !!

les cochons n'ont pas de siège à l'intérieur du bus...

Ce soir, à Charcana, il y a une fête !! Décidemment, quelle chance !!

Le trajet du bus dure 2h30 et nous arrivons de nuit à Charcana. Nous cherchons donc une hospedaje parce que partir sur le chemin…maintenant qu’il fait nuit, c’est mort. On trouve une chambre sympa et on s’installe en espérant que personne d’autre va venir. Enlevage du complexe parfumerie-traiteur des chaussures/chaussettes. Et préparation du repas. Pour fêter notre première partie de trek, on va se prendre une bière. On trouve même du chocolat !! Et du rhum péruvien (génial !!)…coupé à l’eau (hoo…)





Jour 4 :



Réveillés naturellement vers 6h30, nous nous faisons un petit déj, préparons nos affaires et prenons la route.
On n’aura pas beaucoup visité Charcana, parce qu’on était un peu morts et qu’on ne voyait pas vraiment de lieu de fête ce soir.
Du coup, on est sur le chemin sur les coups de 7h30. C’est mieux aussi pour une histoire de chaleur. On est dans la partie basse du canyon, pour l’instant à mi-montagne mais il va faire chaud chaud.
Sur le chemin, on rencontre quelques habitants avec qui on discute 2-3 minutes. C’est vraiment agréable.
Nous longeons pendant 3 bonnes heures, les fissures et les voilures de la Terre et on évolue dans un paysage merveilleux. La marche est agréable, plutôt plate, il fait beau et pas trop chaud. Parfait.
Chacun marche à son rythme et la matinée se passe plutôt en silence.



Rue de Charcana




















Et nous arrivons à un petit village qui porte le nom de Picha. On entend un peu de musique, mais on sait pas d’où elle vient. Mais on sait pourquoi. Aujourd’hui, c’est le premier jour d’un week-end de fête !! Pour alimenter en eau le village, les habitants ont détourné une partie du ruisseau trouvant sa source un peu plus haut dans la montagne. Ils ont construit un canal pour amener l’eau jusqu’au village et chaque année…il faut nettoyer le canal. Quand nous arrivons au village, on trouve quelques femmes en train de préparer le repas du soir, les musiciens en train de répéter. Il est 10h et visiblement la fête ne bat pas son plein…et pour cause…il faut travailler d’abord. Les hommes sont partis à la source avec leur pelle pour travailler toute la journée (enfin…toute l’aprèm z’allez savoir pourquoi…)

Les femmes nous accueillent malgré leur travail et nous expliquent le pourquoi du comment de cet évènement. Elles nous offrent également 2 assiettes de l’almuerzo, une soupe avec du riz, morceau de viande et yuka. Super bon. Et elles insistent pour qu’on en prenne une deuxième…houf…

Puis on leur demande comment on peut les aider. Il reste 3h de marche jusqu’à notre prochaine étape de ce soir, donc on a le temps et on veut participer à cette expérience. On leur propose de monter le seau de chicha, préparée pour les travailleurs. Alexis se charge du seau de 30L qu’il porte sur le dos dans un ballotin de tissu et Marine se charge des tasses. Puis nous montons. On sort du village et suivons le canal pendant 20 à 25 minutes. Plutôt intense la montée.

Puis nous arrivons à la cascade et les hommes du village, et ceux qui sont venus les aider pour l’occasion, sont rassemblés devant la cascade et les musiciens jouent.

On pose le seau et Chicha Time !!! Faut la boire maintenant qu'on l'a monté!! On sert la première tournée à chacun de la vingtaine d’hommes ainsi qu’aux jeunes filles venues aider pour l’occasion. Il y a également le jeune homme avec shooter et une théière qui sert à tout le monde de la caña. Puis, s’en suit une cérémonie d’ouverture. Tous tournés vers la cascade, discours du président, discours du président de l’année dernière (nous rendant hommage d’ailleurs), et petits rituels. ils prennent des feuilles de coca, en jettent dans le ruisseau. Ils servent à tout le monde, du Pisco de raisin, doux et super bon, un autre, vachement plus fort, du pino, sorte de vin sucré super bon. Ils jettent leur fin de shooter dans le ruisseau. Enfin bref…avec tous ses shooters, on va plus marcher droit…haha




Les travailleurs



Pis après qu’ils s’organisent et avant qu’ils partent travailler, nous, on les remercie et on retourne au village.

On passe encore un moment super sympa avec les femmes dans la petite maison. Les patates cuisent, les cuys y passeront plus tard. Elles nous offrent des verres de Chicha et nous font goûter le Pito. Un verre de Chicha mélangé avec de la farine de maïs et du sucre…c’est tout simplement super bon !!



Puis on reprend notre chemin en disant aurevoir à ces gens qui nous ont accueilli avec le sourire, générosité, simplicité…quelle expérience…

Le chemin pour descendre à Quechualla descend…descend en maudit !! Nous marchons 2h30, il fait chaud, il fait sec, le chemin dérape, il faut rester concentré. On marche au milieu des roches dans le canyon. C’est superbe.















Puis nous arrivons à Quechualla, petit village de 30 habitants. quelques uns sont assis sur un banc en train d’observer d’autres qui finissent de maîtriser un incendie qui s’est déclaré quelques dizaines de minutes auparavant et que nous voyions de l’autre côté au loin tout à l’heure.




Et une dame vient nous accoster. Jeannette tient une hospedaje, la seule aparemment, et vient nous installer dans une belle chambre. A notre arrivée, elle nous offre deux oranges bien rafraichissantes, on est exténué et ça fait vraiment du bien. Jeannette est accompagnée de Lucho, un petit perroquet vert et jaune qui dit Ola et qui sera le copain d’Alexis !!

Jeannette hurlant au téléphone perché
Lucho








Notre fin d’aprèm, on la passe sur la petite terrasse à jouer aux cartes et de la guitare et boire l’apéro. Bière, rhum, chocolat…

Finalement, on va se coucher à 20h en espérant que les gars, qui boivent des coups dans la partie maison de l’autre côté de la cour intérieur et qui ont mis la musique, ne vont pas trop tarder…

Pas trop tarder…pas trop tarder…leur petite boum à picoler, chanter, brailler, rigoler a duré toute la nuit…jusqu’à 6h30, heure à laquelle on devait se lever…grrr…

Jour 5:


Petit-déj, rangement de sac et on file prendre le bus. On descend du village et marche 15minutes pour atteindre l’arrêt de bus. Le bus doit arriver vers 8h30. Il est 7h35. En attendant, on discute avec des gens à l’arrêt et on sort la guitare. Le bus arrivera finalement à 9h30, en panne. Donc on prendra un petit collectivo, bien serré parce que ce véhicule est plus petit que le bus et qu’il y a beaucoup de monde.

Le trajet est long d’1h30 et on passe au milieu de la forêt de cactus.

Une formation rocheuse qui ressemble à un enfant, 
main dans les poches, et bonnet péruvien 
qui regarde ver le canyon...vous l'avez??

Puis nous arrivons à la populaire cascade de Sipia où nous descendons enfin.

Le rio cotahuasi déroule. Il est fort, il est puissant et à cet endroit, une cassure a provoqué une chute d’eau d’une vingtaine de mètre et nous pouvons voir ça de près.

La cascade Sipia









Après notre pique-nique et avoir profité du moment, on reprend la route et nous rentrons à Cotahuasi à pied. Il y a 13km. On marche sur la piste non asphalté et on croise 0 voitures. On retrouve le croisement que nous avons passé il y a deux jours quand nous étions montés sur Charcana. Un petit rio rouge va rejoindre le grand cotahuasi un peu plus bas. On voit le village au loin…loin…




Finalement pour les 2 derniers km, nous prendrons, vidés de toute énergie, un taxi qui passait par là et nous retrouvons, drôle de surprise, le Casanova de Pampamarca.

Ça y’est. Notre trek se termine. Nous rentrons à la maison de Mari-lou, nous reposons et préparons nos affaires pour notre bus de 19h.


Alors le Trek de trop ?



Et bien non, non, mille fois non ce n’était pas le trek de trop. Sauf peut-être pour les chaussures d’Alexis…(et les petits doigts de pieds de Marine) mais qu’importe…comme disait Felix Leclerc…moi mes souliers ont beaucoup voyagé.



Un grand Merci à Baptiste et Laurie de nous avoir recommandé ce canyon…

Etats des troupes :

Alexis : Et bien voilà, encore une étape de franchie. Ce trek dans le canyon, je craignais la longueur, la difficulté, mais pour autant, on n’avait pas d’objectif et donc pas de pression. Et ça c’est cool ! J’ai eu de bonnes sensations dans la marche même si mon corps n’en voulait plus. Quand c’était dur, je me disais… « Mais pourquoi on est venu encore se fourrer dans une galère ?! ». Quand c’était beau, je me disais « c’est pour ça… ». Quand on rencontrait des gens, je me disais « c’est pour eux ». Quand je regardais mon bras, je me disais « C’est pour les émotions ». Quand je regardais Marine et pensais à tout ce qu’on a vécu  et qu’on vivra encore, je me disais « c’est pour elle »…et quand je regardais mes chaussures, je me disais « c’est pour une fin en beauté ».

Une fin en beauté, c’est vraiment ce que j’ai vécu dans cette merveille naturelle aux paysages fantastiques et aux habitants accueillants. Maintenant, on attend la fin…



Marine : J’avais un peu peur que ce soit le trek de trop. Beaucoup de fatigue accumulée, mon corps qui demande du repos. J’avais entendu que le trajet en bus pour y aller était vraiment cahotique…

Et bah en fait, le trajet j’ai dormi, enfin, comme dans un bus mais c’était pas ma pire nuit du voyage. Et le canyon et le trek… C’était génial…Je ne regrette vraiment pas ces 6 jours qui ont été intenses en rencontres, en partages, en paysages, en sourires, et surtout en simplicité. Tout ces gens que nous avons rencontré qui prenaient tous deux minutes pour parler avec nous, ça fait chaud au cœur, et puis tous avec un grand sourire. Et alors, ces moments de danse, de partage à Pampamarca et Picha, c’était super, j’ai dansé avec pleins de petites vieilles dames toutes pleines de couleurs et pleins de jolies petites rides J. Et les paysages, c’était vraiment beau … Seul point plus sombre, la chute dans le canyon d’Alex qui m’a vraiment fait peur, mais on oublie, il est toujours là, ouf !!!! Conclusion trek au top, vraiment heureuse de presque finir le voyage par cette aventure.

1 commentaire:

  1. Que dire sinon que je vous admire de votre ténacité ,du courage de vos pieds ,de la résistance de vos chaussures... celles là il faut les rapporter comme des témoins muets de votre super aventure où vous avez su donner le meilleur de vous pour les autres et pour l'autre
    Vous avez traversé des paysages fabuleux mais c'est surtout votre paysage intérieur d'amour et de confiance que vous avez trouvé!
    Bientôt vous allez rentrer ... je sais que vous saurez garder cette force magique qui vous anime et nous entraîne...on vous aime ...

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