1) Le bateau
« O Rei
Davi », énorme bateau blanc et rouge sur 3 étages. Le premier étant pour
les marchandises pour ce voyage, le deuxième pour les passagers et le 3ème
pour le bar.
Il se peut
que le premier étage puisse accueillir des passagers et le bateau a alors,
paraît-il, une capacité de 400 personnes. On pense que c’est un peu exagéré…mais
250 probablement…officiellement…bien sûr…
La majorité
des gens, et c’est ce qui fait le charme du bateau et du voyage, dorment en
hamacs
Des cabines
sont aussi louables. Au 2ème et au 3ème étage. C’est plus
cher bien sûr. Elles sont assez petites mais juste ce qu’il faut et les lits
ont l’air d’une taille normale.
Le premier
étage n’est pas vraiment accessible aux passagers, mais il nous arrivera de
faire un saut quand même pour trouver un peu de calme à l’avant du bateau.
Rempli de marchandises, colis de toutes sortes, cartons, frigo, matelas,
machine de musculation. Et entre tout ça quelques hamacs de l’équipage et un
chat qui se balade et ronfle sur les cages des poulets. Les Membres de
l’équipage ont eux à l’arrière, des cabines. Malheureusement pour eux, il y a
un bruit affreux à cause de la salle des machines. Au bout du bout à l’arrière,
une cuisine, pour l’équipage mais aussi pour les passagers qui souhaitent être
servis dans leurs boîtes pour manger sur le pont ou vers leur hamac.
Au deuxième étage, la partie avant n’est pas accessible aux passagers, c’est le poste de pilotage où le capitaine et son équipe dirigent le bateau. Au milieu, comme un grand hall et des hamacs partout…les uns à côté des autres presque collés, sur 3 rangées et entre tout ça les bagages des passagers qui pour certains sont hallucinants !! Des sacs et des sacs et des sacs de bordel…surtout pour les commerçants qui ramènent leurs marchandises, achetées à la grande ville, dans leur village afin de les vendre. Mais certains non, c’est juste des valises pour le voyage…
A l’arrière,
il y a la cantine, où lors des repas, nous faisons la queue, prenons une
assiette, nous servons au buffet, allons manger sur les mini tables, rendons
nos couverts et assiettes (les verres sont en plastiques alors ça sera
poubelle…à chaque repas, chaque jours…pour chacun des passagers…ça en fait des
verres pollueurs…) à la plonge et libérons la place. Mais on peut également
aller à la cuisine du premier étage avec nos boites ou assiettes pour manger
ailleurs que dans la cantine, sur le pont ou vers nos hamacs.
Proche de
l’entrée de la cuisine, au centre, un point d’eau avec des grosses bombonnes
d’eau filtrée et réfrigérée à volonté…
De part et
d’autres de la cantine, les sanitaires sont…présents et c’est déjà pas mal…un
côté femme un côté homme. 4 à 6 toilettes de chaque côté. La douche avec les
toilettes, des tâches de peintures ou d’antifooling, un peu d’eau stagnante.
« Tirer la chasse » consiste à tourner une vanne qui tire de l’eau du
fleuve et remplit le toilette qui se vide comme un vrai toilette, le seul
problème, c’est quand le débit de la chasse n’est pas assez fort, il n’y a pas
grand chose qui part… ou encore quand le toilette est bouché et que l’eau de
la chasse le rempli jusqu´à ce qu’il déborde
sur tes pieds…c’est pas hyper glamour, faut le dire, mais le ménage est fait tous
les jours. Les lavabos, eux, sont à l’extérieur, d’une propreté correcte, avec
des miroirs, pour voir nos faces de déterrés, et du savon.
Montons
encore d’un étage et on arrive sur le pont, abrité mais plus éclairé. La partie
avant n’est toujours pas accessible faisant partie du poste de contrôle. 2
cabines longeant la rambarde en sortant des escaliers et ce, à bâbord comme à
tribord. Puis on arrive dans l’espace de vie, le bar. Avec un comptoir, une
télé, un wc, un placard, puis un billard, des machines de courses à pieds
(cassées), des chaises et des tables en plastique rouge et…des enceintes…des
MEGA enceintes !!
À noter que
le WC du 3ème étage est disposé d’un lavabo, mais que le conduit d’évacuation
n’est pas relié, ainsi, l’eau sale s’écoule directement sur le sol pour
terminer, ou pas, son chemin vers le trou d’évacuation de la douche. Douche qui
pour le coup ne fonctionne pas. Et pour le coup…on n’est pas sûr que le ménage
soit fait…
Un peu plus
à l’arrière, des gens ont installé leurs hamacs, ils ont un peu plus de place
et un peu plus d’air qu’en bas. Mais la journée, sous le toit en fer, chauffant
au soleil qui tape pendant des heures, il fait vraiment chaud.
Tout à
l’arrière, des chaises et des tables sont stockées. Il y a de grands containers
en plastiques bleu pour les poubelles et un petit barbecue si des gens veulent
se faire cuire un peu de viande ou des poissons fraîchement pêchés…
De notre
côté, ce matin, on pensait arriver tôt, (10h30 pour un départ à 13h…) pour
avoir le choix et le temps de s’installer. Trouver une organisation parfaite
pour la sécurité de nos affaires et le confort de nous 2. Mais en fait, il y a
déjà plein de gens (certains sont arrivés à 7h) et on n’a pas beaucoup de choix
de places pour poser nos hamacs. On préfère le 2eme étage plutôt que le
troisième parce qu’on sent qu’ils vont mettre la musique à fond jusqu’à pas
d’heure et qu’on va être embêtés par les gens qui boivent et qui crient et tout
ça…
On trouve
finalement de la place à côté d’un poteau et c’est super car on va pouvoir
attacher les sacs…il paraît qu’il y a beaucoup de vols sur le bateau. On met un
hamac de chaque côté du poteau et les sacs au milieu…et la guitare ?
Pendue au dessus de la tête d’Alexis. On est bien installés
Le super Hamac de la mort qui tue de Marine
et à gauche celui d'Alexis
Faut trouver sa position !
Le hamac de la guitalélé
Mais
finalement, pour des raisons de voisinage un peu rolous (qu’on développera plus
bas), de pratique, de confort, de
« finalement-la-musique-ils-l’ont-coupé-assez-tôt-hier-soir», d’air, de
possibilité d’avoir chaises et tables, de
« passer-la-journée-sur-le-pont-c’est-vachement-cool-et-proches-de-nos-affaires-encore-mieux »,
de « En-bas-quand-une-boule-de-billard-tombe-ça-fait-un-boucan-d’enfer »
etc…etc… Bref pour maintes et maintes raisons, nous passerons au 3ème
étage dès le
deuxième jour. Et on n’a jamais regretté ! Effectivement, on entend un peu
plus le bruit du moteur, en journée il fait plus chaud, et on se coltine tous
les allumés qui boivent des coups. Mais, on passe notre journée sur le pont qui
est plus éclairé, moins peuplé, on a des chaises et des tables, pour manger,
jouer aux cartes, on peut passer sur nos hamacs pour bouquiner. Et surtout, la
vue est plus dégagée.
2) L'organisation à bord
D’après une
discussion avec un des pilotes, nous sommes à peu près 80 passagers avec 20
membres de l’équipage (capitaine, pilotes, machinistes, cuisinières, matelots).
Ce qui nous fait une centaine de personnes à bord.
Le matin,
une dame de la cantine siffle à 6h du matin pour réveiller tout le monde afin
de prendre le petit déjeuner…6h du matin…avec un sifflet…on vous avoue que des
envies de lui faire bouffer son sifflet nous sont venus en tête (Alexis dit: "J'ai pensé à toi Mad !!")
On descend,
on fait la queue, on dit bonjour aux dames de cantines, qui répondent pas, et
qui nous donnent nos deux pains viennois. On fait nos sandwichs avec la mixture
qu’elles nous ont faite (bonne !), on se sert en café sucré…en café TRES
sucré. Certains matins, nous avons droit à un jus de fruit mmmhhh trop
bon !!! De notre côté, on prendra le petit déjeuner avec tout le monde le
premier matin, mais pour tous les autres jours, nous ne pourrons résister au
petit déjeuner devant le lever de soleil sur le fleuve…
Quand il en reste, le café reste à disposition pendant la matinée si on veut
se resservir.
Le repas de midi, annoncé au sifflet est à…11h. Ils annoncent des horaires
de 11h à 12h, mais si à 11h30, ils voient que y’a personne dans la queue, ils
estiment que tout le monde est venu manger et ils ferment…
De mieux en
mieux, le repas du soir, toujours annoncé avec son p***** de sifflet, est à
17h…
Hé oui…sur
le bateau, on se cale pas mal avec les horaires du soleil…
Rassurez-vous,
le bar, lui, est ouvert toute la journée. La musique joue souvent à partir de
15h, mais c’est assez irrégulier. Un peu quand la dame elle veut en fait…
La télé
marche tout le temps, et, imaginez bien…au milieu de l’Amazonie et de sa forêt
hostile, sur le fleuve Amazone-Solimoes, on a même vu la demi-finale retour de
la ligue des champions entre le Real Madrid et l’Atletico Madrid…c’est pas beau
ça ??
3 3) La population du voyage
Dès le
premier jour, nous nous faisons des copains. Oui tant qu’à faire à vivre les
uns sur les autres, autant faire de ses voisins des amis. Outre nos voisins
plus proches sur lesquels nous reviendrons plus tard, nous rencontrons des
voyageurs.
Jean-Baptiste,
33 ans +/- des babouches, en voyage depuis un mois en Amazonie, s’apprête à
devenir prof d’histoire en Guyane française. Bien sympa, honnête et franc, pas
mal de connaissance, voyage avec son jeu d’echec, il apprécie aussi de temps en
temps la drogue et a eu la mauvaise idée d’en acheter avant la
Colombie…ntntnt…pas bon…bon il jettera ce qu’il lui restera par-dessus bord
parce que bon…il va pas jouer avec le feu non plus…il sera un super compagnon
de voyage.
Jennifer, 26
ans, chilienne vivant à Valence en Espagne, se rend au Chili pour voir sa
famille et ne prend pas vraiment le chemin le plus court. Toute fraîche et
pimpante, et aussi un peu à l’arrache, cela fait 5 mois qu’elle est au Brésil
alors qu’elle n’a droit qu’à 3. En situation irrégulière, elle devra payer une
amande de 8,28 reals par jour supplémentaires au-delà des 90 permis
initialement, amande qui cesserait d’augmenter à partir de 100 jours
supplémentaire… ça ça reste à vérifier par contre. Elle a choisi d’opter pour
cette option à une époque où prendre un avion de là où elle était lui serait
revenu plus cher…
Martin, âge
inconnu, disons entre 35 et 45 ans, Allemand. En voyage depuis 3 ans…après
avoir voyagé un an quand il était plus jeune, puis travaillé 16 ans, il a
décidé de répondre à l’appel des routes qui le harcelaient depuis tant
d’années. D’une grande simplicité, avec une ligne de conduite où rien de ce qui
est des choses dont il n’a pas besoin n’a de place et à laquelle il ne déroge
pas. Il reste pourtant ouvert, les yeux écarquillés d’un enfant qui découvre le
monde. On peut dire qu’il en a vu du pays…du monde même…nous aurons beaucoup de
discussions intéressantes, sur sa manière de voir telle ou telle chose.
Avec ces 3
là, nous partagerons grandes discussions, bières, jeux de cartes (hé oui !!
On leur apprendra le tamul et le escopa, en plus d’un autre jeu brésilien qu’on
aura appris ensemble le Boracko), jeu d’échec, observation des étoiles, de la
forêt, des oiseaux et bien plus encore !! (non pas nos hamacs…faut pas
déconner)
Comment parler des autres sans nous étendre trop mais pour vous donner quand même une idée…car oui franchement…ces brésiliens…des vrais personnages…
Un couple de
maman avec une petite fille possédée par un démon, une fille bien bourrée qui
demande à une inconnue de lui arranger un coup avec un gars, un gars qui se bat
avec son propre père. Ce même gars ira, en moto taxi, nous acheter, bien
gentil, des fruits lors d’une escale et nous ramènera un fruit tout bizarre qui
ressemble à un pénis vert géant…enfin pas si géant que ça…humhum. Un espèce de
tocard genre drageur gros lourd sûr de lui, en compagnie de ses 4 fils, qui
commence dès le premier soir à chercher un peu Marine, ce qui sera une des
raisons de notre déménagement. Anderson, brésilien au cheveux jaune d’œuf, un
peu le chef de la petite bande de jeune qui s’est formé, sympa, mais qui tente
d’embrasser un peu tout le monde. Joandra, jeune fille, sympa aussi, qui
finalement sortira, à coups de grosse galoche, avec le pilote qui viendra nous
parler le dernier soir…d’une cinquantaine d’année…
le pilote Miguel d'une cinquantaine d'année
Ouais parce
que les brésiliens, ils ont un problème…ou alors…c’est nous qui en avons un, ça
se peut aussi. Tout le monde embrasse tout le monde, certains refusent, d’autre
non. Qu’il y ait des enfants, que la différence d’âge soit supérieure à mon âge
à moi…pfff on s’en fout….vas y la croisière s’amuse !! Tout ce qu’il se
passe sur le bateau, reste sur le bateau…
Alexis
dit : « moi y’en a bien une qui voulait m’embrasser…donc j’ai pécho
t’as vu…une chance qu’on parlait la même langue, qu’on venait de la même ville
et qu’on avait la même chienne, y’aura peut-être des chances qu’on se
recroise… »
Voilà, là on
se prend un sérieux coup de culture dans la tronche…
Cet aspect croisière
s’amuse.
Après le
côté « paraître » que Géraldine nous décrivait tant à Sao Paulo. Les
filles, et pas que, changeaient de tenue au moins 3 fois par jours, et
différentes tous les jours. Tous, ils s’habillaient comme si ils allaient en
boîte, maquillés, pomponnés etc. On peut concevoir que c’est pas le rêve de
tout le monde de rester tout crado comme nous pendant une semaine, mais y’a un
juste milieu…
Et également
le côté « sans gêne »…et vas y que je passe au milieu de tes
affaires, et vas y que je joue avec ton hamac, et vas-y que je me vautre dans
ton hamac, et vas y que je débranche ton portable que je touche à ton ordi et
vas y que je te prenne ta bouteille d’eau parce que j’ai soif. Pis je vais
aller la remplir, la mettre en frigo, pour toi, parce que je suis un mec
sympa…c’est vrai c’est super sympa…mais « Dis le bordel !! Quand je
vois que ma bouteille a disparu comment je peux deviner que y’a un gars gentil
qui est allé me la remplir et me la rendre le lendemain…en plus…comment je sais
ce que tu as fait avec… » pardon on s’emballe, ces personnages ont été
capables de tellement de trucs qu’on se met à psychoter…hein on psychote
hein… ? On psychote ?...arrivés à Tabatinga, on jettera finalement la
bouteille d’eau…pas envie de choper d’herpes nous…
Bon, on
pense aussi qu’on nous a tellement mis sur nos gardes en nous disant qu’il y
avait des vols, qu’on s’est un peu montés la tête et qu’on n’était pas trop
détendu. On a par conséquent apporté parfois trop d’importance à des choses
bénines…
Beh oui mais
eux ils font sur tes affaires, des choses que toi tu ne ferais pas sur les
leurs…alors ça déroute, ça déboussole…
Utlime
chose, et pas des moindres, qui nous aura, pour le coup, fondamentalement déplu
chez ces personnes, c’est les tonnes de cannettes de bières, papiers de
bonbons, mégots de cigarette qu’ils ont jeté par-dessus bord…une honte !!
À chaque lancé de déchet, c’était comme un coup de poignard dans notre cœur
d’humbles et éphémères occupants de la planète, respectueux de sa beauté et de
son équilibre.
Le voyage
part de Manaus la grande ville du coin, la capitale de l’état Amazonas. L’idée, c’est de remonter le fleuve Amazone jusqu’en Colombie. Le fleuve
Amazone !! Vous vous rendez compte ??? Le deuxième plus long fleuve
du monde ! Le premier par son débit !! Le mythique fleuve
AMAZONE !!! On est comme des dingues !!
En fait, on ne
va pas vraiment remonter l’Amazone…hahaha…cassage de délire…En fait, partant de
la Colombie, plus au nord, il y a un gros fleuve noir qui s’appelle le…Rio
Negro et qui coule d’ouest en est, direction l’Atlantique. Un peu en dessous
partant de la région des trois frontières Brésil/Pérou/Colombie, c’est le Rio
Solimoes, et ses eaux marron, qui coule également vers l’Atlantique. Les deux
Fleuves se rejoignent au niveau de Manaus et prennent alors le nom d’Amazone
jusqu’à Belem où il se jettera dans l’océan Atlantique !! Nous, nous
allons donc remonter le fleuve Solimoes jusqu’à la triple frontière… mais ici
tout le monde l’appelle l’Amazone.
Départ 13h
qu’ils disaient….au vu de la somme insensée de choses, cartons, frigo, matelas,
machine de musculation, qu’il y avait encore sur le quai à charger et les
innombrables pack de bière, de soda, des sacs de farine, des bouteilles d’eau
filtrée, des cagettes de légumes…c’était juste impensable.
Efficaces les matelots
Ce sera donc un départ à 18h30, de nuit. Dommage, pour nous, voir quitter Manaus de jour aurait été joli. Manaus est sur le rio Negro. Le rio Negro et le Rio Solimoes se rejoignent à Manaus pour former le fleuve Amazone. Il faut donc partir un peu vers l’est pour passer la confluence et récupérer le rio Solimoes. Le truc incroyable c’est que, les eaux, avec un ph différent, se rencontrent mais ne se mélangent réellement que 6 ou 7 km plus loin. Et lorsque nous allons à la confluence des deux fleuves de 2 couleurs différentes, on voit distinctement un trait qui sépare les eaux noirs du rio Negro et les eaux marrons du rio Solimoes. Un phénomène exceptionnel !! Le truc, c’est que de nuit…ça se voit pas…grrr. Nous, qui n’avions pas pris d’excursion pour aller voir le phénomène, étions bien contents d’apprendre que nous pourrions le voir finalement…et bah non…
La navigation dure à peu près 6 jours…à peu près parce que ça dépend du courant, du retard pris au départ et du retard pris aux escales. 1630km à parcourir. Le Bateau ne navigue pas au milieu du fleuve mais plutôt proche du rivage pour des questions de courant. Tant mieux, nous verrons mieux la forêt et les animaux.
Ils comptent 8 escales pour décharger les marchandises. Et lorsqu’on demande combien de temps on va rester là, ils nous répondent « 30 à 40 minutes »…40 minutes…40 minutes qui durent généralement 3h30. Des passagers ayant dû partir un peu trop loin par le passé ont peut-être raté le départ ou il y a dû avoir des problèmes. C’est pour ça que pour éviter de nous donner envie de sortir du bateau, ils nous donnent un temps ridiculement court. Ce qu’on aime être pris pour des débiles…
Pour les escales, là pour le coup, c’est la navigation entière qui fait « genre ». A chaque escale quelques minutes avant d’arriver au petit port, c’est musique à fond !! Toujours le même CD, qu’il soit 14h, 19h, 22h ou 5h du matin, peu importe !! Musique à fond ambiance Patrick Sébastien. Et les fameux coups de corne de brume pour s’annoncer aux ports. « wouah ça a l’air trop bien ce bateau, regarde maman il y a de la musique, des gens torses nus et lunettes de soleil qui boivent des bières, je veux y’aller !!! »
Chose sympa. Quand le bateau passe devant des petits villages. Des passagers leurs jettent des sacs de plastiques avec de la nourriture, des vêtements. Et, avec leurs barques, les enfants des habitants
viennent les récupérer.
Certains connaissent le truc et prépare même des sacs spécialement pour les envoyer par-dessus bord. Un bon moyen d’aider les populations et dans le même temps se débarrasser de ce dont on ne sert pas chez soi.
Ça nous rend quand même un peu perplexe, en bon négativistes que nous sommes. Sur notre bateau, les gens ont seulement envoyé des paquets de chips…des paquets de chips quoi…on n’est pas en train de nourrir des singes dans une cage là, si ? Nous grands princes, à bord du formidable bateau la croisière s’amuse, on lance des miettes de pains aux pécores et on les regarde, amusé du spectacle, sortir leur pagaie, et ramer comme ils peuvent au milieu des vagues de paquebot pour pouvoir repêcher leur trésor…
viennent les récupérer.
Certains connaissent le truc et prépare même des sacs spécialement pour les envoyer par-dessus bord. Un bon moyen d’aider les populations et dans le même temps se débarrasser de ce dont on ne sert pas chez soi.
Ça nous rend quand même un peu perplexe, en bon négativistes que nous sommes. Sur notre bateau, les gens ont seulement envoyé des paquets de chips…des paquets de chips quoi…on n’est pas en train de nourrir des singes dans une cage là, si ? Nous grands princes, à bord du formidable bateau la croisière s’amuse, on lance des miettes de pains aux pécores et on les regarde, amusé du spectacle, sortir leur pagaie, et ramer comme ils peuvent au milieu des vagues de paquebot pour pouvoir repêcher leur trésor…
Et notre perplexité sera confirmée quand, l’un des grands princes, au passage d’un des ces nombreux petits villages aux maisons sur pilotis, criera à des hommes sur leur terrasse, vautrés dans leur hamacs : « hey c’est pour vous ! Venez les repêcher ! Attrapez-les !! », en balançant 4 paquets de chips dans le fleuve. Les hommes, un soupçon de haine de leur regards, ne broncheront pas du tout et n’en auront tout simplement rien à secouer de ces paquets de chips… « étouffe-toi avec plutôt, tes paquets de chips, c’est mieux ! » eux de penser, « Ouais ! Bien dit !!» nous de les rejoindre…
Coup de grâce, achevage total, ultime cadeau de l’étrangeté brésilienne.
Lundi 15 mai, 5h du matin MUSIQUE A FOND !!!!!! Mais encore plus à fond que d’habitude. Le mec a craqué complet…Alexis sort de son hamac et va le voir ! « euh…tu peux arrêter ce bordel ?? » « on arrive dans une demi-heure »…30 minutes…si c’est les mêmes 30 minutes que tes escales je te fais bouffer tes enceintes !! Et juste, tu peux pas baisser, espèce de malade!!!???
Et vas y que la corne de brume elle s’y met, on voit même pas encore le port…
Non mais moi j’habiterais à côté d’un rio et que y’ait un bateau, à 5h du matin, qui tambourine du Patrick Sébastien et qui klaxonne comme un taré, mais je le coule moi le paquebot et j’enchaîne le DJ improvisé en salle des machines !!
Nous, on est aux premières loges et le réveil est difficile et ultra violent, ce qui a le don de nous mettre en rogne… Alexis dit : « à l’heure où j’écris ces mots, c'est-à-dire une semaine plus tard, je ressens encore ma colère et mon envie d’empaler le type sur sa sono »
Tous des tarés sur ce bateau !!!!
Bon ils nous filent quand même un petit dèj, qui n'était pas forcément prévu parce qu’on était censé arriver hier.
En fait, on n’est pas tout à fait arrivés, car nous sommes au port de Benjamin constant. Nous allons devoir prendre un autre bateau, plus petit, pour arriver enfin à Tabatinga.
Marine dit « mais pour avoir une petite info à 5h 30 du mat, après ce réveil méga brutal, et bah tu peux te gratter…. Personne ne sait rien, personne ne te dit si tu as le droit à un petit déj ou non, même la femme de cantine qui est au courant te dit « je sais pas… » on est vraiment pris pour des moutons qui n’ont pas besoin de savoir la suite … qui doivent seulement suivre »
5 5) Les paysages
Comme ce n’est pas la saison sèche, le rio a un fort débit et les rivages sont inondés, les petits villages aussi donc. Les villages sont de différentes tailles.
Il y a les gros villages, presque villes, avec routes, si non asphaltés, au moins en dalle de ciment. C’est fou comme l’asphalte des routes est un indicateur de progrès et de modernisme.
Dans ces grands villages, le bateau s’arrête pour faire escale. Déchargement de fournitures, des tonnes et des tonnes de soda, bières etc que les matelots du bateau se font passer dans une chaîne humaine diablement bien huillée, pour éliminer petit à petit les piles gigantesques dans le bateau et remonter ces mêmes piles géantes sur le quai. Des livraisons à des particuliers sont aussi possibles, et lorsque le bateau arrive, la personne monte à bord pour régler les choses administratives et récupère son colis. Nous, en haut sur le pont, nous passons des heures à regarder les mecs qui bossent…que c’est fatiguaaaannnnttt !!
Dans ces grands villages, le bateau s’arrête pour faire escale. Déchargement de fournitures, des tonnes et des tonnes de soda, bières etc que les matelots du bateau se font passer dans une chaîne humaine diablement bien huillée, pour éliminer petit à petit les piles gigantesques dans le bateau et remonter ces mêmes piles géantes sur le quai. Des livraisons à des particuliers sont aussi possibles, et lorsque le bateau arrive, la personne monte à bord pour régler les choses administratives et récupère son colis. Nous, en haut sur le pont, nous passons des heures à regarder les mecs qui bossent…que c’est fatiguaaaannnnttt !!
Les rouages de la chaîne humaine en pleine action
Il y a également les petits villages. Régulièrement inondés par les crues du fleuve, ils sont constitués de petites maisonnettes de bois construites sur pilotis. Hé oui, pour aller voir ses voisins, on prend la barque !!
Fréquemment, des vendeurs approchent le bateau avec leurs barques et leurs marchandises. Se mettent à couple (s’attachent au bateau) à tribord du bateau qui avance toujours. Et le commerce se fait. Le plus souvent des pécheurs vendent ainsi soit pour le bateau, l’organisation se fournit en poissons frais pour servir au repas du soir ou du lendemain, soit pour les passagers qui veulent acheter un ou deux poissons pour se faire un asado (barbeuk). Mais il y a également des vendeurs d’Acaï, gâteau etc…
Vendeur d'acaï
le sachet noir est de l'acaï, purée de fruit gelée.
Là...vous y êtes?!
Une main….un bras…HAAAAAAAA horreur !!! Y’a-t-il vraiment un cadavre là dedans ?? Au secours !! Cette main est-elle humaine ?? On comprend petit à petit qu’il s’agit d’une main et d’un bras de singe…en effet, la viande de singe se mange ici…on espère ne jamais avoir à essayer…
Le trajet est long de 1630km et sur 1630 km, nous ne verrons que du vert !! La forêt la forêt la forêt !! Même ici, en plein milieu, il est difficile de se rendre compte de l’immensité de la forêt amazonienne. Mais on sent tout de même une végétation dense et luxuriante, abondante, omniprésente. Et on se prend à rêver de découvrir les richesses qu’elle cache en son cœur, en étant secrètement heureux de rester loin de ses dangers et de ses pièges. La lecture dans le même temps du roman d’aventure « Amazonas » nourri cette soif mêlée à cette peur.
Nous ne voyons pas beaucoup beaucoup d’animaux, moteur bruyant oblige. Mais les oiseaux nous accompagnent constamment de leur vol allègre et léger. Nous aurons même la chance de voir des Aras, des perroquets bleus et jaunes, en plein vol, un peu loin mais bien distinctement. Le couple se sera envolé pour échapper à un danger dans la forêt, au bruit du moteur de bateau ou simplement pour disfruter, profiter, de la chance qu’ils ont d’avoir des ailes et de se laisser porter par le vent dominant cet océan de verdure.
La population dans les arbres se fait bien discrète. Premièrement, parce que le rio est en crue et que les arbres sont inondés, les singes ne se risquent pas d’aller là où ils peuvent tomber dans l’eau ou se faire manger par des caïmans. Et deuxièmement car, purement sauvage, ils ne sont pas habitués à tout signe humain, qu’il soit visuel ou sonore. Donc entendant le gros bateau à 3km, ils détallent…
On verra tout de même la silhouette d’un courageux sur une des nombreuses îles devant lesquelles nous passerons, mais bien triste palmarès…(oui car la main de singe dans la malle en polystyrène du vendeur...ça ça compte pas…)
C’est dans l’eau où nous aurons peut-être un peu plus de chance. A peine, en réalité. Mais nous sommes heureux et surpris de voir ces poissons qui sautent en dehors de l’eau, pour attraper peut-être des moustiques, rire au nez des pécheurs et de leur filet 2 m plus loin, ou encore pour nous saluer.
Des supers dauphins gris à l’aileron arrondi viennent également jouer dans les vagues du bateau et saluer notre passage.
Enfin, et cette image restera uniquement dans nos yeux car nous n'avons pas pu dégainer l'appareil pour vous la faire partager. Un petit troupeau prospère d'immenses et imposants buffles noirs, de l'eau jusqu'au flanc, des oiseaux blanc au bec orange sur le dos. Une belle image amazonienne.
Enfin, et cette image restera uniquement dans nos yeux car nous n'avons pas pu dégainer l'appareil pour vous la faire partager. Un petit troupeau prospère d'immenses et imposants buffles noirs, de l'eau jusqu'au flanc, des oiseaux blanc au bec orange sur le dos. Une belle image amazonienne.
Au niveau faune, nous n’aurons pas un grand tableau de chasse…si j’ose dire…
Au niveau flore, on n’en prend plein les yeux avec une variété impressionnante d’arbres. Les fleurs bien sûr, on n’en voit moins mais celles qu’on voit sont fabuleuses.
Le débit de l’eau est impressionnant et, avec les fortes pluies, le rio emporte avec lui des troncs d’arbres qu’il arrache à la terre et que nous voyons passer plus ou moins au loin.
Chaque matin au réveil à 6h du matin, après être allés chercher notre café sucré et nos pains avec mixture à base d’œuf brouillés, nous nous callons sur des chaises, appréciant le spectacle que le soleil nous offre en se levant lentement. S’élevant peu à peu de l’eau, passant entre les nuages quand il y en a, recouvrant de sa lumière rosée, puis de plus en plus vive, toute la forêt et les falaises avoisinantes. Ses rayons se reflètent dans l’eau formant un halo de lumière ondulant. Les oiseaux matinaux s’amuse à déchirer la lumière et participent à ce décor enchanté…
Chaque soir, 17h30…après être allés chercher notre repas dans notre boîte et notre jus de guarana ou ananas, nous reprenons nos places de spectateurs et apprécions de nouveau la magie du soleil qui plonge peu à peu dans l’horizon, donnant des teintes rosées au ciel et aux nuages. Puis le Orange prend le dessus, et les vert de la forêt devient noir, les arbres deviennent silhouettes, les oiseaux fantômes…
Chaque nuit, avant d’aller se coucher dans nos hamacs, nous montons clandestinement sur le toit et allons nous couvrir d’une couverture étoilée impressionnante. Déchiffrant les constellations de l’autre bout du monde, se noyant dans l’océan de lucioles astronomique. Puis nous assistons au lever de lune qui, quasi éblouissante, peu à peu reprend ses droits sur la nuit et fait disparaître les étoiles. La lune du bout de monde, elle aussi, est à l’envers et ses cratères forment une tête de lapin.
Le spectacle ne s’arrête pas là…au loin des flashs viennent déchirer la nuit. Des éclairs, des orages, des nuages noirs énormes. A quelques km de nous, de tout les côtés du fleuve, pour le moins encore tranquille, le ciel se déchaîne, lâchant toute sa fureur et sa rage, peignant le ciel de sombres et menaçants éclats violacés et déchirant le tout avec ses puissants éclairs blancs. Jamais le ciel ne se déchaînera ainsi sur notre embarcation, pour notre plus grand soulagement.
Le ciel, la forêt, le fleuve, la vie animale…les 4 acteurs principaux de notre incroyable voyage au sein du bassin amazonien, qui ne fut qu’une légère esquisse de ce que l’Amazonie représente pour la planète Terre et pour ses occupants.
Ingà (ou poix doux en frances)
La Graviola (Corrosol en frances)
Le dernier petit bateau pour arriver à Tabatinga
Etat des troupes :
Alexis : Depuis le début du voyage, on s’en est pris des claques, mais rarement autant en même temps ! La beauté des paysages, la culture des brésiliens, leur comportement, les préjugés que nous avons sur le mode de vie dans la région amazonienne…vraiment cette expérience était extra, autant belle que douloureuse. Les rêves cassés, l’espoir de voir les Hommes respecter la planète définitivement perdu, la prise de conscience de la chance que nous avons de voir encore la nature belle, verte et puissante. Vraiment, son déclin, son violent assassinat par les Hommes, n’offriront qu’un bien triste spectacle à nos enfants…
L’expérience de dormir en hamac était génial aussi et j’espère, tant qu’à faire à les porter, revivre ça. Bon par contre, ça donne envie de pisser…et il faut trouver sa position haha. Niveau santé ok quelques douleurs au dos à cause du hamac mais ça va...
Marine : Pour commencer, je m’attendais pas à trouver une aussi grande ville à Manaus… ville très pauvre, dans laquelle j’étais pas forcement rassurée, même si nous avons fait de belles rencontres dont notre couchsurfeur… merci Francialex pour ce partage de culture.
Sinon, c’est fou les préjugés !!! Tout ce que l’on peut penser d’un pays, de sa population, sans le connaitre et qui se révèlent totalement faux… l’Amazonie coté brésilien et sa population et Bah ce ne sont pas que des indigènes… il y a des populations indigènes, mais elles sont protégées par le gouvernement et sont inaccessibles. Le reste de la population sont des brésiliens aux faciès changeant si on compare à d’autres endroits du Brésil, facies plus typé indigène comme on peut se l’imaginer avec de longs cheveux noirs… mais il y a aussi des afros, des mecs qui se teignent les cheveux en jaune… les filles ou femmes qui se mettent des tonnes de maquillages… mais ce qui m'a le plus marqué je pense niveau culture, est que les filles à partir du moment où elles ont leurs règles, et bah elles ont des enfants… donc on peut voir des filles de 13, 14 ans enceintes… et bah je vous avoue que cela fait bizarre… et que cela fait réfléchir…
Sinon par rapport aux bateaux, les paysages étaient fantastiques, les levés et couchés de soleil, les orages de loin zébrant le ciel… c’était splendide…
Et dormir dans un hamac était une super expérience, cela m’a beaucoup plus et on dort vraiment bien dans un hamac, suffit de trouver la bonne position.
Pour finir, c’est dur de se rendre compte que l’on est dans l’Amazonie et de la chance que l’on a… on est tellement petit dans tout ça.
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